Le Trois Mots
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ATELIER 8 : 6 janvier 2024 - Les mots doux

4 participants

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ATELIER 8 : 6  janvier 2024 - Les mots doux Empty ATELIER 8 : 6 janvier 2024 - Les mots doux

Message par Catherine Mer 10 Jan 2024 - 11:06

Atelier 8 6 janvier 2024 Les mots doux

Certains mots nous charment, d’autres nous agressent. Le thème de l’atelier porte sur les mots doux, ceux qui nous bercent, nous font du bien, nous transportent dans un univers agréable, sans aspérité, désirable... Il ne s’agit pas des mots qui soignent, thème qui sera celui d’un autre atelier. Donc, des mots de douceur, comme on peut en dire quand on aime, quand on a un enfant sur les genoux, qu’on le berce.

N’est-ce pas charmant, ce texte du très jeune Rimbaud ?


«Un petit baiser, comme une folle araignée»
L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l’œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

Et tu me diras : «Cherche !» en inclinant la tête,
– Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
– Qui voyage beaucoup…

En wagon le 7 octobre 1870

ce sera une tentative partagée ce samedi 6 janvier : écriture douce, écriture de la douceur.

Au-delà des mots d’amour, il y a les mots dans les phrases qui font du bien pour des raisons très variées : le sujet, le thème, mais aussi le choix des mots, le rythme de la phrase, la façon de présenter une histoire, des personnages, tout peut introduire de la douceur dans un texte.

Déroulé de l'atelier

1) lister les mots qui vous semblent doux, charmeurs, agréables.
2) lister les mots dont les sonorités sont particulièrement douces.
      3)  Rédiger un incipit  utilisant le plus grand nombre des mots proposés.

Lectures
de  Jeanne Benameur
P .39 Les mains libres Benameur
Une veuve se souvient de son mari. Son bonheur est de se plonger dans des catalogues de voyage qui lui rappellent son mari.
Dans l’extrait, elle revient de faire ses courses. Elle a un nouveau catalogue dans la main et se laisse emporter par cette contemplation...

Pascal Quignard, Tous les matins du monde p.39

4) Reprendre votre texte en essayant de lui donner un rythme à la manière de Benameur.

Catherine

Messages : 35
Date d'inscription : 14/08/2023

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Message par Bgn Mer 10 Jan 2024 - 11:42

Atelier 3Mots – Angers – 06-I-24
Thème : la douceur


                    «…Souffle…»

Être à ses côtés encore une fois…
La regarder encore. Comme au premier jour. Comme avant.
Et savoir qui l’on est.
L’émotion qui étreint. La tristesse du moment.
Et sourire doucement. Lui sourire. En silence.
Ne rien dire. Être dans l’instant. Là. Maintenant. Dans le silence…

Pierre dévisageait sa mère tendrement dont le souffle lent et saccadé emplissait toute la pièce.
Son visage dégageait, malgré les années, cette grâce naturelle qui avait longtemps fait son charme dans ses souvenirs d’enfant.
Elle était maintenant, là, devant lui. Si fragile, si frêle. Si belle. Dans ce lit si froid.
Elle semblait en paix.
Il posa sur sa joue un baiser du bout de ses lèvres tremblantes, respirant cette délicate odeur maternelle qui l’avait tant de fois rassuré.
Un timide sourire illumina soudain son visage quand Pierre lui prit la main.
Elle laissa échapper, les yeux mi-clos, entre deux respirations :
- Pierre ! Oh ! Pierre !!! Est-ce toi ?

Être là. Simplement. La main dans la sienne. Les yeux dans les siens.
Se comprendre. Sans parler. Comme avant. Comme au premier jour.
Et savoir d’où l’on vient.
Les sanglots que l’on retient. En silence.
Et soudain. Une larme sur la joue. Puis une autre.
Ne plus parler. Se taire. Juste se taire. Dans le silence…
Et simplement répondre :
- Oui !  C’est moi ! Je suis là, maman !! Ne t’inquiète pas !

Elle se mit à murmurer alors ce qui sembla à Pierre une prière à la Vierge Marie.
Il se signa et récita à son tour l’invocation étouffant les trémolos que sa voix ne parvenait pas à retenir.
Pierre lui caressa doucement le visage, frôlant le contour de ses yeux dont le bleu intact et profond semblait illuminer la chambre.
Il fit glisser son doigt sur l’arête du nez aquilin dont il avait hérité à son tour. Comme une marque de famille, sa marque de fabrique en quelque sorte.
Un beau sourire éclaira le visage de sa mère soudainement avant qu’une horrible grimace ne vint le balafrer.
Pierre sentit l’émotion le submerger un peu plus.
Une émotion encore jamais ressentie. Quelque chose d’indicible. Etrange, mais tellement humain.
Et puis ce sentiment de tristesse. Tristesse mêlée au vide. Immense vide qui vous aspire, vous happe tout entier.

Être là. Ne rien montrer. Contenir sa peine.
Être ensemble. Encore. Comme au premier jour. Comme avant.
La regarder. Ne pas parler. Juste lui sourire. Maintenant.
Et savoir qui l’ont est.
Ne pas pleurer. Pas maintenant. Plus tard. Seul. Ailleurs.
Avoir encore un peu de temps. Ici. Dans le silence…

Pierre remarquait qu’il lui frôlait machinalement la main ; son pouce glissant fébrilement sur sa peau.
Cette main longue, fine et aujourd’hui décharnée qui lui avait si souvent caressé les cheveux quand, enfant, il se blottissait  contre elle.
Cette main qui l’avait si souvent cajolé, réconforté lorsque l’angoisse le saisissait. Cette main si douce qui ne s’était jamais abattue sur lui.
Il appuya la tête sur son ventre et prit sa main délicatement qu’il posa sur sa chevelure.
Ses doigts fatigués se mirent en mouvement presque mécaniquement entamant une danse nerveuse parmi ses mèches.
Profond sentiment de quiétude. Instant infini de plénitude. Encore un peu de temps…
Il pouvait sentir sa respiration s’accélérer entre deux râles.
Elle essaya de parler, mais les sons dépassaient à peine le bord de ses lèvres devenues livides maintenant.
Pierre se releva quand il sentit le corps de sa mère se tendre brutalement puis s’affaisser l’instant d’après, lentement, muscle après muscle, dans un silence assourdissant.
Il approcha une oreille de sa bouche.
Il  sentit alors son souffle lui effleurer le visage comme un dernier baiser au moment où la lumière quitta son corps.

Sentir son souffle. Toujours. Le garder. Pour le respirer encore.
Toucher sa lumière. Toujours. La frôler. Pour la voir briller encore.
Comme avant. Comme au premier jour. Et savoir d’où l’on vient.
Puis soudain. Une larme sur la joue. Puis une autre.
Ne plus retenir ses sanglots. Pleurer. Hurler sa douleur. Seul dans sa douleur.
Maintenant. Ici. Si seul.
Et se taire. Juste se taire. Pour pleurer. Désormais, seul. Dans le silence…

Alors, simplement murmurer dans un ultime souffle d’amour :
- Je t’aime, maman !

Comme au premier jour. Comme avant.
Et ne plus savoir où l’on va. Dans le silence…


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Message par Levasseur Liliane Jeu 11 Jan 2024 - 15:44

"Inspire... Expire..."

Il a passé une nuit calme comme il n’en avait pas connue depuis longtemps. L’infirmière apparaît, un sourire chaleureux éclaire son visage. Doucement, elle prend sa main, tâte son pouls, vérifie ses constantes.
- Ça va mieux aujourd’hui, n’est-ce pas M. Legrand ?
- Oui, j’ai dormi sans douleurs ni cauchemars, c’est la première fois ici !
- Tant mieux, tant mieux, répond-elle de sa belle voix chantante. Le médecin va bientôt venir vous voir.
En quittant la chambre, son regard bienveillant l’enveloppe d’une douce quiétude qui le rassure et lui procure un bien-être immédiat. Il aspire à faire durer cet état, écoutant le rythme de son souffle, l’inspire, ténu, l’expire, plus profond, encore et encore, inspire, expire.

Cela fait deux mois qu’il est dans le service des grands brûlés de cet hôpital renommé. Deux mois qu’il vit à moitié conscient de ce qui lui est arrivé, actionnant sa pompe à morphine après les premières manifestations de la douleur.  Aujourd’hui, son esprit est plus clair, disposé à percevoir une once d’espérance dans ses pensées, sans toutefois oser songer au futur. Futur qui lui paraît en l’état flou, incertain, probablement difficile. Non, se concentrer sur le présent, sur les soins quotidiens, la présence apaisante des soignants, la routine rassurante de ce service spécialisé.

La vie artistique pleine de promesses qu’il menait avant cet accident, une vie de création riche de contacts, il lui semble ne pas l’avoir vraiment vécue. La mise en scène de son dernier spectacle nominé aux Molières ? Tout cela est si loin de lui désormais !

Tout allait si vite comme le coupé qu’il conduisait sur cette route de campagne, étroite, sinueuse, bordée de platanes. Un virage serré, la nuit qui tombe, une voiture qu’il croise plein phares, il quitte la chaussée, freine brutalement pour s’encastrer dans le premier obstacle venu, un tronc large tacheté de couleurs vertes, jaunes, beiges. Dernière vision en tête, des taches vertes,  jaunes, beiges que la lumière des phares éclairait. Immobilisation totale sur un lit d’hôpital.

Pourquoi avoir accepté cette résidence à Bourges ? A part «Le Printemps», quelle ville provinciale, éloignée de tout ! Un projet ambitieux, monter un spectacle, «Faim» adapté du roman psychologique de Knut Hamsun. Un monologue qu’il souhaitait faire interpréter par trois jeunes comédiens, trois jeunes acteurs encore inconnus qui devaient incarner chacun à leur tour le jeune auteur arrogant, sans le sou, qui crève littéralement de faim, s’enfonce dans la misère la plus noire, frôle la folie jusqu’au dénouement. L’image de Théo vient à son esprit, le frappe en plein cœur, son jeune amant auquel il voulait offrir un rôle magnifique, un seul en scène qui le mettrait en lumière dans le final de la pièce.

Ne plus penser à ça maintenant, c’est foutu. Sans lui, le spectacle va tomber à l’eau. Il ne sera pas le premier à devoir abandonner un projet.  Penser qu’il est vivant, blessé, abîmé pour de longs mois encore mais vivant. Camus n’a pas eu autant de chance.
Inspirer doucement, expirer lentement, apprendre la douceur, la lenteur, faire le vide par le souffle.
Inspire, expire, inspire, expire. Demain, une nouvelle greffe de peau est prévue.


Liliane L.
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Message par Coco Sam 4 Mai 2024 - 13:00

Je ferme ce sujet à l'écriture mais il reste consultable. Si vous souhaitez y ajouter quelque chose je pourrais toujours le rouvrir momentanément.

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