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ATELIER 15 : 4 mai - Les années

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Message par Catherine Mar 30 Avr 2024 - 22:58

Atelier 15  
Les années

Dès maintenant, vous pouvez lire le texte célèbre de Perec "je me souviens" et vous reporter au livre d'Annie Ernaux "Les années".

Le thème de l'atelier du 4 mai sera "Je me souviens et nous visiterons nos souvenirs personnels comme nous nous souviendrons de ce que nous avons retenu des différentes périodes traversées.

je-me-souviens
PDF (monecole.fr)

Dans son livre intitulé «Je me souviens», l’écrivain Georges Pérec relate 480 petits souvenirs de la vie quotidienne, tels qu’ils lui reviennent à l’esprit, tout en invitant le lecteur à continuer cet inventaire. […] Je me souviens comme c'était agréable, à l'internat, d'être malade et d'aller à l'infirmerie. Je me souviens des postes à galène. Je me souviens quand on revenait des vacances, le ler septembre, et qu'il y avait encore un mois entier sans école. Je me souviens qu'au pied de la passerelle qui, en haut de la rue du Ranelagh, traversait le chemin de fer de ceinture et permettait d'aller au bois de Boulogne, il y avait une petite construction qui servait d'échoppe à un cordonnier et qui, après la guerre, fut couverte de croix gammées parce que le cordonnier avait été, paraît-il, collaborateur. Je me souviens qu'un coureur de 400 mètres fut surpris en train de voler dans les vestiaires d'un stade (et que, pour éviter la prison, il fut obligé de s'engager en Indochine). Je me souviens du jour où le Japon capitula. Je me souviens des scoubidous. Je me souviens que j'avais commencé une collection de boîtes d'allumettes et de paquets de cigarettes. Je me souviens des «Dop, Dop, Dop, adoptez le shampoing Dop». Je me souviens de l'époque où la mode était aux chemises noires. Je me souviens des autobus à plate-forme : quand on voulait descendre au prochain arrêt, il fallait appuyer sur une sonnette, mais ni trop près de l'arrêt précédent, ni trop près de l'arrêt en question. Je me souviens que Voltaire est l'anagramme d’Arouet L(e) J(eune) en écrivant V au lieu de U et I au lieu de J.[…]

Georges Perec, Je me souviens, collection P.O.L., © Hachette, 1978.
https://www.sas.upenn.edu/~cavitch/pdf-library/Ernaux_Les_anne%CC%81es.pdf

Catherine

Messages : 35
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ATELIER 15 : 4 mai - Les années Empty Re: ATELIER 15 : 4 mai - Les années

Message par Coco Ven 17 Mai 2024 - 14:19

Bonjour,

Souvenirs souvenirs !

Je me souviens de ce temps que les moins de 40 ans n’ont pas vécu et qui représente mes jeunes années passées à la campagne.

Des années 70 à 76, je me rappelle de LA journée annuelle en famille au bord de la mer. Nous partions très tôt afin d’arriver à marée descendante. Mon père fumait dans la voiture, ce qui me rendait malade, mais nous n’avions pas le droit d’ouvrir les fenêtres car cela engendrait des courants d’air ! Habillés légers et méduses aux pieds, nous glanions moules, crabes, huîtres, bigorneaux, crevettes et autres animaux marins. Cette journée spéciale se terminait souvent par un bain de mer sous le soleil d’été. La sensation de la brise tiède sur la peau me fait frémir à sa simple évocation.

Je me souviens des airs entrainants de «Ça plane pour moi», ou tendres de «L’été indien» pendant le trajet. Par contre, je ne saisissais pas à l’époque le sens de la chanson de Charles Aznavour «Comme ils disent», «un homme, oh, comme ils disent»... Puis les années suivantes le disco est apparu avec les hippies et les punks avec leurs rats sur les épaules, les grandes chaînes attachées à leur ceintures et les coiffures plus stupéfiantes les unes que les autres.

Je me rappelle l’installation de la télévision, en noir et blanc. Mon père, menuisier, avait découpé et installé une étagère d’angle en bois dans le coin du mur à 1,80 m de hauteur. Pour tester la solidité de son installation avant d’y installer le précieux objet, il m’a assise dessus avec ma sœur, alors que la peur de tomber me donnait de grandes frayeurs.

Je me remémore également l’arrivée du téléphone, gris et doté d’un cadran à trous. Pour l’essayer quand nos parents avaient le dos tourné, nous appelions nos professeurs !
Je n’ai connu que très peu Gitane, la jument de mes grands-parents maraîchers. Elle a longtemps œuvré dans les champs pour labourer et tirer divers appareils. Elle a été vendue alors que j’étais très jeune. Enfin, c’est ce que l’on m’avait dit à l’époque.

Je me souviens que mes parents ont été peinés de la mort du Général de Gaulle. Je connaissais son nom et son image, mais pas davantage. Je me souviens mieux de celle de Pompidou, annoncée un soir tard à la télévision.

Je me revois avec tendresse plonger quelques secondes une poule «couasse» dans un bassin d’eau sur les consignes de ma mère, pour faire baisser leur température. Mais, prise de remords, je passais invariablement les heures suivantes avec la poule sur mes genoux, soigneusement enveloppée dans une grande serpillère pour la sécher et la réchauffer.

Je me rappelle de la vieille Juva 4 de mon grand-père, avec tous ses boutons à côté du volant. Cela aiguisait ma curiosité et je l’interrogeais sans fin sur la fonction de chacun, et me demandant comment il les retenait toutes. Il était empreint d’une grande patience, sans doute admiratif de ma soif de savoir, et il me répondait toujours.

Puis un jour, mon père me prit à lui mentir. J’ai dû écrire cent fois «Je ne mentirai plus à mon père» au lieu de m’amuser dans le jardin cet été-là.

Mon réveil, aux chiffres et aiguilles phosphorescentes, un jour ne fonctionna plus. Malheur ! Je ne pouvais plus savoir l’heure quand je me réveillais la nuit pour descendre les chiennes pour leurs besoins, mais aussi je pense pour leurs vagabondages nocturnes.

Comment oublier l’été 76 ? Canicule pendant trois semaines de mi-juin à mi-juillet. Trent-trois jours de chaleur avec des records de 34° à l’époque, dépassés depuis, et 6.000 morts. La nuit nous avions tellement chaud que je dormais sur une couverture sur du carrelage…

Je me souviens aussi de ma première montre, toute métallique, bracelet compris. Ma mère me disait de l’enlever la nuit, mais m’interdisait de la poser sur la cheminée en marbre car elle était trop froide et risquait de l’arrêter.

Comme elle me disait également qu’il ne fallait pas avaler les chewing-gums car ils allaient se coller … à mes poumons !


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